Entre la pointe et le talon, l’équilibre est précaire mais le champ des

possibles réjouissant. À l’image de cette création mondiale, menée avec

brio par l’anticonformiste Eugénie Andrin.

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Mon premier est l’emblème de la ballerine virginale. Mon second incarne la séduction

féminine. À eux deux, chausson de pointe et talon aiguille symbolisent une certaine image

de la femme, entre pureté désincarnée et élégance ultra-sensuelle. Une dialectique riche

de sens sur laquelle se penche avec gourmandise Eugénie Andrin, dans cette création

mondiale avec la participation des danseuses du Cannes Jeune Ballet. En associant ces

deux accessoires aux pieds de ses interprètes, elle déstructure leurs codes respectifs et

allie langage classique et écriture contemporaine.

 

La figure de Cendrillon, au cœur de

cette réjouissante relecture, devient le pivot de toutes les interrogations soulevées par

la chorégraphe autour de l’idée d’élévation, qu’elle soit physique, sociale ou esthétique.

La jeune fille pauvre, qui d’un coup de baguette magique, se transforme en élégante

aristocrate pour plaire à un prince forcément charmant, est le miroir de celles qui

aujourd’hui malmènent leur corps, y compris par la chirurgie esthétique, pour répondre

aux critères de beauté imposés par la société. Tour à tour êtres charnelles ou créatures

immatérielles, les danseuses défient le regard du public pour s’affirmer en être libre.

Et, affranchies de toute entrave, cultiver chacune leur singularité.

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In her latest creation, Eugénie Andrin has fun destructuring the codes of classical dance

by hijacking the academic use of pointe. Seizing on accessories that symbolize femininity,

such as the stiletto, she explores a singular gestural style, celebrating the diversity and

multiplicity of all women!​​​